Blog
-
SIGNATURES & CORRESPONDANCES
- Le 10/12/2020
Quelque soit notre culture ou les lectures que nous abordons les quatre éléments, ainsi que leurs complémentaires : Terre, Eau, Feu et Air sont présents partout autour de nous et en nous. Que ce soit dans les minéraux, les végétaux, les animaux ou les humains.
Ils se déclinent dans une hiérarchie, selon leur niveau dans la création, ainsi que dans le règne qui régie chaque espèce.
Ainsi le minéral constitué au départ de carbone est signé de la Terre.
Puis d’autres caractéristiques vont se révéler amenant la signature d’un nouvel élément. Ainsi une gemme, en tant que minéral est terre au 1er niveau, mais eau de par ses composants.
Ainsi de suite jusqu’à décliner 3 ou 4 niveaux d’éléments, dont un sera le centre de sa signature.
Souvent nous nous interrogeons sur notre attirance pour un type de végétal, un animal, un lieu ou une personne. Il en va de même pour ce que nous aimons moins, voir nous révulse.
Les éléments sont complémentaires et nous pouvons en rechercher l’équilibre.
Pour ce faire, il est nécessaire de ressentir d’abord leur manifestation, tant en nous, dans notre environnement ou dans la Nature.
Ainsi une personne, signée de feu, lorsque celui-ci est en excès, devra faire aller chercher l’eau pour l’apaiser. Une autre, ayant une terre alourdit fera alliance en amenant de l’air pour s’aérer, s’alléger et passer d’un état statique à une dynamique.
Cette approche différente est aussi fort utile pour comprendre les enfants. Et ainsi au lieu de se sentir excédés par un enfant « remuant » ou au contraire plus atone, si nous le voyons avec un regard différent, qui tient compte de sa signature, nous serons plus tolérants, et pourrons lui proposer un environnement répondant à ses besoins, ou complémentaire.
Les enfants signés de la Terre ont tendance à aimer s’assoir par terre, élément dont ils cherchent le contact. A l’inverse un enfant dont l’air est sa dominante sera toujours "perché", il aimera grimper, sauter, tournoyer…
Cela vous évoque-t-il quelque chose de connu ?
Et vous-même, vous êtes vous sentis agacé par ce gamin virevoltant, qui ne tient pas en place, tel un feu follet, car votre élément dominant est autre ?
En excès de cet élément vous pourrez proposer un espace ou une activité dans laquelle l’enfant pourra retrouver la sensation de la terre en marchant pieds nus, s’immerger dans l’eau afin de calmer son feu et redonner à son air un peu d’ancrage.
Tout est architecture autour de nous, et nous sommes aussi la manifestation de ces architectures. Les éléments en sont des composants.
Pour symboliser ces architectures nous pouvons dessiner des blasons, aux couleurs des éléments.
Ces figures constituent un Langage qui nous donnera la possibilité d’entrer en communication avec un arbre, un animal…
Une façon de lui signifier que nous le reconnaissons dans ce qu’il est.
C’est un échange subtil qui n’est pas à sens unique. Pour cela il faut se mettre en recherche, expérimenter et oser.
Ne pas avoir peur de se tromper, car ces essais seront autant de matériau qui nous ferons progresser.
Ainsi notre sensibilité, notre regard, vont se développer, s’aiguiser et nous amener à devenir plus présents, plus conscients. Même notre regard sur les autres prendra un autre axe ou nous verrons la complémentarité, le semblable entre nous. Ce sera une nouvelle source de compréhension, d’enrichissement, voir de tolérance.
Commençons à observer ce qui nous entoure, mais également nos choix, un lieu de vie, un métier, une préférence alimentaire, une réaction face à une situation, une personne.
Les manières d’être chez les enfants, ou entre conjoints sont aussi à explorer, et amènent un nouveau regard.
Ces observations et constats sont autant de pistes sur le chemin des correspondances et des signatures.
Anne-Marie BARDIN
-
LA CONTRAINTE OUVRE LA VOIE A LA CREATIVITE
- Le 09/09/2020
Article paru le 16 mai 2020 dans le magazine Reporterre, écrit par Isabelle Gilbert
____________
Depuis le début de la pandémie de Covid-19, les libertés que nous tenions pour acquises sont mises à rude épreuve. Les mesures gouvernementales nous contraignent à travailler à distance, faire l’école à la maison, supporter la solitude ou l’omniprésence de nos proches, accoucher sans la présence de notre conjoint… La liste est longue, mais elle n’est peut-être pas grand-chose face aux contraintes que fait peser sur nous la crise écologique : maladies dues aux diverses pollutions, exodes, sécheresses, inondations, contrôle abusif des ressources…
Dans le pays des droits de l’Homme et du citoyen, contraindre est synonyme d’entrave aux libertés. Pourtant, c’est lorsque nous sommes contraints que notre créativité s’épanouit, comme nous le démontrent les populations des pays émergents. Leur exemple nous invite à faire des défis du quotidien des occasions de développer notre résilience. Car retrouver son pouvoir créateur intensifie le sentiment de liberté.
Depuis vingt ans, j’accompagne les stratégies créatives à l’œuvre dans les projets professionnels. À travers les parcours de créateurs, artistes, leaders, inventeurs, entrepreneurs, j’ai identifié trois façons inspirantes de transmuter une contrainte : se laisser traverser par elle, la transformer en opportunité ou traquer l’adversité. Voici comment chacune de ces stratégies peut nous permettre de regagner des parts de liberté.
____________
Se laisser traverser
En 2007, je suis comédienne au Théâtre des Minuits. Un jour, une de mes collègues quitte la troupe et je reprends son rôle in extremis. Celui d’une veuve de guerre.
Je ne connais que des bribes de texte. Je n’ai pas non plus de costume. La veuve ouvre le spectacle, assise à terre au milieu des spectateurs. En coulisses, j’attrape un vieux drap noir ignifugé et m’enveloppe la tête. Lorsque les lumières s’éteignent, je me glisse lentement dans le public. En m’asseyant, le son étouffé du drap apaise mon souffle. Je m’accroche aux premières répliques comme une bouée jetée à la mer. À côté de moi, une femme sursaute. Ma gorge se serre. Soudain des images de pleureuses affluent en moi. Des femmes vêtues de noir agglutinées devant des listes affichées sur les murs extérieurs des maisons. Elles cherchent le nom de leurs hommes disparus en se lamentant. Quand je reviens à moi, un silence lourd règne dans l’assistance. Le comédien suivant a raté son entrée, tant il était absorbé par la scène. Je devine que mon jeu a reflété ma vision. À l’instant où je n’avais plus rien à quoi m’accrocher, quelque chose en moi a pris le relais. Un archétype, un morceau d’inconscient collectif. Depuis lors, je sais que, tant que j’accepterai de me laisser traverser par les épreuves, les ressources apparaîtront.
____________
Transformer en opportunité
Cette leçon, je l’ai ensuite retrouvée partout, et particulièrement chez les créatifs et les plus démunis. Certains d’entre eux n’attendent même pas que les ressources apparaissent. Ils savent qu’elles sont là. Ils ont aiguisé leur regard de façon à les repérer systématiquement.
Navi Radjou est un ingénieur franco-indien basé aux États-Unis. Avec ses coauteurs, Jaideep Prabhu et Simone Ahuja, il a théorisé le principe Jugaad, ou l’art ingénieux du système D à l’œuvre dans les pays dits émergents, comme l’Inde. Après avoir sillonné les petits villages de son pays natal, il découvre comment les populations qui ont moins se débrouillent pour faire avec, en plus rapide, plus simple, plus agile. Pour lui, un environnement difficile nourrit la résilience.
Kanak Das est originaire de Morigaon, un village du nord-est de l’Inde. Tous les jours, sur le trajet qui le mène au travail, les nids-de-poule de la route défoncée mettaient à mal son vélo et le ralentissaient. Devant l’impossibilité de changer l’état de la route ou d’acheter un autre moyen de locomotion, il s’est concentré sur la seule chose qu’il pouvait changer, son vélo. Il l’a bricolé de telle sorte que son amortisseur puisse comprimer l’énergie demandée par les bosses et la libérer dans la roue arrière. Ainsi, plus il y a d’obstacles sur sa route, plus il récupère de la force de propulsion.
Ce que Navi Radjou et Kanak Das nous rappellent, c’est que « les innovateurs Jugaad ne perçoivent pas les contraintes ou les obstacles comme dissuasifs ou rédhibitoires, mais comme un stimulus créatif. En effet, leur créativité commence à se manifester dès qu’ils sont confrontés à un défi apparemment insurmontable ».
____________
Traquer l’adversité
Dans les années 1970, Michael Reynolds passait pour un fou, aujourd’hui il est un exemple. À la fin de ses études, l’architecte étasunien a décidé de s’installer à Taos, dans le désert du Nouveau-Mexique, pour y vivre et y mettre au point les maisons autonomes du futur. Devançant les conséquences de la crise écologique, il a choisi un territoire aride, isolé, avec peu de précipitations, de grands écarts de température, sans infrastructure électrique ni eau potable. Il a rassemblé toutes les ressources existantes autour de lui : terre, canettes de bière et de soda, bouteilles en verre et en plastique, pneus, et les a intégrées à ses constructions. Il a ainsi développé des technologies low-tech pour récupérer l’énergie solaire. Il a intégré des serres à ses « géonefs » pour réguler entièrement la température à l’intérieur.
En cinquante ans, après des années d’essais-erreurs, après s’être fait retirer sa licence d’architecte par des autorités sceptiques, après l’installation de plusieurs communautés en géonefs à Taos, Michael Reynolds, comme des millions d’autres créateurs résilients, nous ouvre la voie d’un avenir audacieux, inventif et solidaire. « Nous savons qu’à cause de nous, la planète sera presque inhabitable. Alors que nous avançons vers ça, nous essayons de mettre au point une façon de vivre qui permet aux gens de s’occuper d’eux-mêmes. »